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samedi 26 octobre 2013

Nouvelles inquiétudes pour l’Est de la RDC

Les rebelles du Nord-Kivu et le gouvernement de Joseph Kabila négocient depuis 10 mois. La suspension de ces pourparlers, dimanche dernier, suscite des inquiétudes, tandis que des médias de Kinshasa en appellent à une intervention armée plus massive dans la région.
L’interruption des pourparlers suscite les pires inquiétudes. En République démocratique du Congo (RDC), dimanche dernier dans la soirée, les parties annonçait l’arrêt des discussions de Kampala entre représentants du Mouvement du 23-mars (M23, rebelles du nord-est, au Nord-Kivu) et du gouvernement. Dès lors, lundi, RFI racontait que «c’est peut-être l’adage le plus populaire en ce moment au Nord-Kivu: qui veut la paix prépare la guerre. Alors que toutes les parties assurent de leurs bonnes intentions à Kampala, chacun mobilise ses troupes. L’armée congolaise renforce ses positions sur l’axe Goma-Kibumba. Ce week-end, la population avait vu passer quatre bataillons FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) en direction de la ligne de front, à la manière d’un défilé militaire. Le M23, plus discret peut-être, renforce aussi ses positions sur l’axe Kibumba -Kiwanja. Là, on parle de véritables fortifications, de pièces d’artillerie enterrées dans le sol.»
 
Les pourparlers entre rebelles – accusés de violences contre les civils notamment par le Tribunal pénal international – et le gouvernement de Joseph Kabila durent depuis dix mois à Kampala, la capitale de l’Ouganda voisin. Avec une dépêche AFP, Jeune Afrique rappelait ces jours l’état de la situation: «Affaibli depuis la dernière offensive conjointe de l’armée congolaise et des Casques bleus, fin août, le M23 contrôle une zone de quelque 700 kilomètres carrés limitrophe du Rwanda et de l’Ouganda, dans l’est de la RDC. Parti en avril 2012 d’une mutinerie d’anciens rebelles intégrés dans l’armée congolaise, le M23 demande la pleine application de l’accord ayant régi leur incorporation en 2009. Il défend plus généralement les droits des populations congolaises rwandophones, essentiellement tutsi.»
 
Dans un encadré, RFI a fait le point sur les «sujets qui coincent»: «La question du désarmement, celle de l’amnistie des rebelles, mais surtout le problème de la réintégration des ex-rebelles dans l’armée. Le gouvernement congolais refuse un engagement global, le M23 lui ne veut pas d’une intégration dans l’armée sur critères sélectifs au cas par cas. »
Pas spécialement neutre, le journal Le Potentiel, relayé par le portail digitalcongo.net, titrait son article, du point de vue de Kinshasa : «Fous furieux et désespérés, les terroristes du M23 choisissent la guerre contre les FARDC et la Monusco!», la force d’intervention de l’ONU. Le texte indiquait que «[...] Sur le terrain, le M23, appuyé comme par son parrain de tout le temps, en l’occurrence Kigali [le président rwandais Paul Kagame est régulièrement suspecté de soutenir le M23, ce qu’il a toujours démenti, ndlr], renforce ses positions militaires. [...] Il multiplie des restrictions sur les territoires sous son contrôle. Tout récemment, il a interdit l’accès aux troupes de la Monusco et de la Brigade spéciale des Nations unies sur ses territoires. C’est la preuve, s’il en était encore, que le M23 verrouille davantage son espace, anticipant sur une attaque imminente.»
 
Et de trancher: «Plus que les Nations unies, Kinshasa doit aujourd’hui faire prévaloir ses droits sur les territoires qui sont sous occupation du M23. Cela en actionnant le volet militaire. La Constitution de la RDC et toutes les lois et conventions internationales lui reconnaissent le droit de défendre sa souveraineté ainsi que l’intégrité de son territoire. [...] Le seul langage que le M23 comprend c’est celui des armes, il faut y aller.»
De Kinshasa aussi, L’Observateur relevait que «victime de provocations répétées de la part du M23, la Monusco est visiblement prête à faire face à ce qui ressemble ni plus ni moins à un défi lui lancé par ce groupe rebelle. Depuis le week-end dernier, cette force onusienne a commencé à déployer ses troupes dans la localité de Kiwanja, territoire de Rutshuru sous contrôle des mutins du M 23.»
 
Les chaperons internationaux des négociations ne cachent désormais plus leur nervosité. Jeune Afrique signalait que «les envoyés spéciaux de l’ONU en RDC et pour la région des Grands Lacs, Martin Kobler et Mary Robinson, s’alarmaient lundi 21 octobre au soir de ce que les forces gouvernementales et rebelles s’étaient «considérablement renforcées» autour de la Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu».
 
Citant une déclaration faite à l’AFP, Radio Okapi notait aussi: la porte-parole adjointe du département d’Etat américain, Marie Harf, a indiqué que les Etats-Unis étaient «inquiets que le M23 retarde volontairement le processus et ne négocie pas de bonne foi».
Mercredi dans la capitale congolaise, l’émissaire américain rajoutait une pression sous forme d’«espoir» d’une dissolution du mouvement rebelle, selon les propos résumés par Radio Okapi: «Washington se réjouit que Kinshasa demeure ouvert à conclure les pourparlers de Kampala, a déclaré l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs, Russel Feingold [...].«Nous croyons que, si les pourparlers de Kampala peuvent réussir et être conclus comme il se doit […], le M23 finisse par être démantelé. Le résultat sera qu’une des forces négatives les plus importantes de la région n’existera plus», a-t-il déclaré.»

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