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Les Nations unies et la rivalité des grandes puissances

Written By FODABI on lundi 4 novembre 2013 | 10:15

Les Nations unies sont le reflet des imperfections du monde et des rapports de force au sein du Conseil de sécurité. En dépit de ses échecs, en Syrie, au Rwanda, la Babel onusienne reste le temple de la diplomatie.
Inutile, inadaptée, inefficace, et pourtant, elle tourne. Soixante-huit ans après sa création sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale, l’Organisation des Nations unies s’est avérée incapable d’intervenir rapidement en Syrie dans la pire crise que connaît l’humanité dans cette deuxième décennie du XXIe siècle. Et la résolution sur le désarmement chimique de la Syrie – la 2.118e adoptée par le Conseil de sécurité depuis 1946 – ne résout rien, ou presque rien, sur le terrain après deux ans et demi de guerre civile et plus de 110.000 morts. Mais l’ONU pouvait-elle vraiment mettre un terme à ce conflit, alors qu’elle s’était montrée incapable d’empêcher l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis ?
L’organisation, qui avec ses 193 Etats membres plus la Palestine et le Vatican, simples observateurs, est devenue universelle, n’est en fait que le reflet des imperfections du monde et surtout des rivalités entre les grandes puissances. Sa paralysie sur la Syrie est la conséquence directe de la résurgence d’un antagonisme entre les cinq membres permanents dotés d’un droit de veto sur les quinze membres du Conseil de sécurité. « Lorsque la communauté internationale est unie, affirmait Jeffrey Feltman, secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires politiques, les moyens d’intervenir de l’organisation sont élevés. » « Au Yémen, poursuivait-il lors d’une conférence de la Brookings Institution, le Conseil de sécurité était uni, pas sur la Syrie. » Les cinq membres permanents, comme au temps de la guerre froide, se sont divisés entre un camp « occidental », représenté par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, et un camp « oriental », la Russie et la Chine, défavorable à une intervention en Syrie, qui, à leurs yeux, serait une ingérence dans les affaires intérieures d’un pays.
 
L’élargissement du statut de membres permanents à de nouveaux émergents, comme le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde, pour mieux tenir compte de la réalité du monde du XXIe siècle et non pas de celui issu de la Seconde Guerre mondiale, n’aurait pas changé la donne.
La Syrie n’est pas le seul le problème.
Les Nations unies vont devoir s’interroger de nouveau sur la souveraineté nationale lorsque les troupes américaines et internationales se retireront d’Afghanistan en 2014 et qu’elles devront redéfinir leur mission dans ce pays d’Asie centrale. A moins que le simple drapeau de la lutte contre le terrorisme mette tout le monde d’accord. Le cas du Mali est sur ce point exemplaire, car le Conseil de sécurité a été unanime pour donner un feu vert à une intervention militaire qui a été conduite par la France pour couper la route de Bamako à une colonne de djihadistes et « nettoyer » avec succès le nord du pays. Fondamentalement, la création des Nations unies n’a pas rayé de la carte les Etats nations et leurs intérêts nationaux.
 
La preuve : l’impossibilité depuis des années de réformer le Conseil de sécurité tant les antagonismes sont forts entre pays d’un même continent, entre le Brésil, le Mexique, l’Argentine ou encore entre l’Afrique du sud, l’Egypte, l’Algérie. L’organisation n’a pas été conçue pour être « le gouvernement ou le parlement du monde ».
François Hollande, lors du débat général de la 68e Assemblée générale des Nations unies, a proposé que les membres permanents du Conseil de sécurité définissent un « code de bonne conduite » pour que, en cas de crime de masse, « ils puissent décider de renoncer collectivement à leur droit de veto ». Un renoncement qui serait proposé par le secrétaire général de l’ONU et devrait être avalisé par au moins 50 membres. Peut-on imaginer la Chine, la Russie mais aussi les Etats-Unis abandonner leurs prérogatives ? Et qui, sur le terrain, avant le déploiement d’une force de maintien de la paix sous le drapeau des Nations unies, pourrait intervenir ? Si la France et la Grande-Bretagne, avec l’appui logistique déterminant des Etats-Unis, ont obtenu en 2011 le feu vert des Nations unies pour intervenir en Libye, c’est que la Russie et la Chine se sont abstenues. Mais aussi parce que les trois puissances occidentales en avaient les moyens et la volonté.
 
Dans une terrible leçon de l’histoire de la fin du XXe siècle, le génocide de 800.000 Rwandais a eu lieu d’avril à juillet 1994 en dépit d’une présence au Rwanda de quelques milliers de soldats des Nations unies.
Cette impuissance onusienne est le reflet d’une autre donnée. Les Nations unies n’étant pas un pouvoir supranational, elles n’ont pas une armée prête à intervenir. Elles ne peuvent recourir qu’aux forces mises à leur disposition par des pays. Depuis la fin de la guerre froide, l’ONU n’a cessé de multiplier les opérations de maintien de la paix. Actuellement, elle conduit 16 opérations (sur les 68 menées depuis 1948), dont la plus importante est déployée en RD Congo. Mais, dans un monde de 7 milliards d’habitants, que peuvent faire quelque 115.000 Casques bleus venus de 116 pays différents pour imposer la paix ? Surtout que, sur les 18 guerres dénombrées à la fin 2012 par l’institut Heidelberg, une seule était un conflit entre deux Etats (le Soudan contre le Soudan du Sud) et les 17 autres des guerres civiles intérieures. Mais l’ONU a d’autres cartouches : celles de développer des alertes pré-conflits et de prévention, et de participer à la reconstruction post-conflit. Avec son arme la plus importante : la diplomatie. N’est-ce pas lors de l’Assemblée des Nations unies que les Etats-Unis et l’Iran ont repris langue après trente-quatre ans de brouille diplomatique totale ?
Jacques Hubert-Rodier
Editorialiste aux « Echos »
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