Le dimanche 24 Fevrier 2013, un accord de plus sur la crise dans l’Est du Congo a été signé à Addis-Abeba, en Ethiopie. Des chefs d’Etats africains et autres internationales ont assisté à une autre séance de discours et promesses et signatures d’un document court en pagination contenant une autre série de promesses faites au Congo et aux Congolais.
La classe sociopolitique en RDC n’y accorde aucun espoir car la « malaise Congolaise » s’y étant installée, aucune âme Congolaise n’accorde à ce genre de traité un espoir certain.
Les congolais au pays ainsi que dans la diaspora l’ont unanimement désavoué.
« Ceci n’est pas un accord de paix» annonce Mvemba Dizolele, journaliste et analyste Congolais basé aux Etats-Unis, « C’est un accord de principe. Une distraction», explique-t-il. « La souveraineté de la RDC est non-négociable, et ne sera jamais déterminée conjointement avec les pays voisins. Cette souveraineté appartient au peuple Congolais. »
Dans ces commentaires Dizolele précise, « une litanie des accords, Ihusi, Nairobi, STAREC, et autres ont conduit à la rébellion du M23(RDF) et maintenant Addis-Abeba ».
Ce sentiment de déjà-vu est caractérisé dans tous les milieux bien au parfum de la situation qui persiste en RDC depuis plus d’une décennie. Kambale Musavuli, porte-parole de « Friends Of Congo », un mouvement voué à la cause Congolaise, aussi basé aux Etats-Unis a souligné en diapason avec le reste des Congolais, l’obscurité qui règne autour de cet accord d’Addis-Abeba.
« Le moins qu’ils puissent faire c’est de nous dire qui a rédigé cet accord-cadre des Nations Unies signé à Addis Abeba ressemblant (curieusement) à l’Acte général de la Conférence de Berlin de 1885». La colonisation relancée, la balkanisation ratifiée.
La République Démocratique du Congo et tous les enfants de cette terre glorieuse se sont senti gravement insultés du fait qu’aucune âme congolaise n’était consultée pour la rédaction de ce texte. Ni les partis politiques, ni la société civile et même les institutions démocratiquement fantoches installées à Kinshasa par la dictature de Joseph Kabila, n’ont eu mot à dire dans cet texte « impérialiste » et « colonisateur ».
Le ton ayant été donné par la voix de la raison au sein de la grande communauté congolaise, la surprise s’est produite de l’autre côté de la frontière. Kigali ressemble à un volcan endormi, beaucoup se demande, pour combien de temps.
Paul Kagame sur un lit de charbons ardents?
L’un des évènements qui a précédé l’invention onusienne de cet accord-cadre, dont l’auteur est jusqu’à ce jour anonyme, est sans doute la fameuse rébellion du mouvement du M23. Une mutinerie à l’origine mais métamorphosée en une sorte de révolte avec le soutien direct du Rwanda, en tête son président Paul Kagame et son ministre de la défense James Kabarebe, qui est de facto leur commandant et guide idéologique, comme expliqué par les experts onusiens dans leur dernier rapport sur la RDC.
Après le « cirque diplomatique de Kampala » qui n’a abouti à absolument rien, sauf une grossière perte de temps, au lendemain de la signature de cet accord-cadre d’Addis-Abeba, cette rébellion Rwando-Rwandaise et en ébullition. Signe des choses à venir.
Dans la nuit qui a suivi la signature de l’accord-cadre de l’ONU à Addis-Abeba, un affrontement a eu lieu dans la zone sous contrôle du M23 à l’Est de la RDC. Certains disent la guerre interne pour le « leadership » du mouvement a commencé et d’autres se disent ironiquement que « la tête du serpent affamée du pouvoir a décidé de commencer à manger ses propres œufs», un adage ancestral pour dire que c’est commencement de la fin du M23.
Les rapports onusiens ont directement accusé Paul Kagame et son gouvernement d’être à la base de l’insécurité à l’Est de la RDC. Cet accord-cadre, bien que farfelu, viendrait mettre l’homme fort de Kigali le dos contre le mur. Tous les yeux sont ainsi braqués sur son petit pays et il ne peut plus se livrer librement à ses fameuses « excursions » dans les Kivu télécommandées de Kigali. Beaucoup y lisent de la prudence.
Tous les guignols sans idéologie ni raison du M23 se sentent « trahis » par leur maitre dompté. Leur mouvement doit survivre cette période froide car leur fin est ainsi extatiquement annoncée.
Des sources confirment la visite d’une délégation du M23 à Kigali, quelques jours avant la signature de l’accord-cadre à Addis-Abeba.
En coupant « temporairement » la communication avec les outils locaux du M23, Paul Kagame est aujourd’hui affronté à une autre pression, celle-ci viendrai directement de l’intérieur de sa propre maison.
Comme durant la prise terroriste de Goma par les éléments du M23 directement appuyés par l’armée rwandaise en Novembre 2012, après l’accord-cadre farfelu d’Addis-Abeba, les mêmes voix se lèvent contre le « leadership » ou la « mégalomanie » de Paul Kagame à Kigali.
Après sa prise du pouvoir à Kigali, Paul Kagame dirige le pays comme sa propre ferme en déployant qui il veut, où il veut, pour faire ce qu’il veut. Cette dictature similairement « hitlérienne » a étouffé toute résistance politique avec des arrestations et assassinats tant au Rwanda qu’à l’étranger.
Après sa mésaventure à Goma avec le M23, Paul Kagame ne peut plus faire taire les voix qui se lèvent au sein de son outil de force, l’armée rwandaise. Beaucoup se posent des questions sérieuses sur ses complots mégalomaniaques en RDC puisqu’il ne peut plus bénéficié unilatéralement de la couverture de ses parrains occidentaux qui se sont démarqué après la publication du dernier rapport des experts de l’ONU.
« Le poisson pourrit par la tête » dit-on. Certains officiers rwandais ne comprennent plus les objectifs « occultes » de leur chef.
« A chaque intervention de l’autre côté de la frontière, nos frères meurent, nous ne sommes pas autorisés à publier leurs noms», nous-dit un officier du Domaine Militaire de Bigogwe à 25km de Gisenyi. « Les familles de certains militaires ne savent même pas que leurs enfants sont morts au combat. Jusque quand ceci va continuer?», s’interroge cet officier rwandais, sous condition d’anonymat.
Paul Kagame bien au courant des murmures au sein de ses propres rangs, ne confie ses opérations extra-frontalières qu’à un petit groupe « aveuglement » fidèle et directement sous le commandement de son éternel allié, le général James kabarebe.
Un autre officier basé au Domaine Militaire de Kagitumba, à l’est du Rwanda et à 192km de Kigali nous confirme que « Nous avons deux armées maintenant au Rwanda. L’une protège les rwandais et sert le pays, l’autre armée qui travaille parallèlement rien que pour les projets particuliers de Kagame et Kabarebe de l’autre côté de la frontière, en RDC. Cette section est exclusivement Tutsi et s’annonce comme la plus opérationnelle puisque ceux qui la dirigent sont tous venus avec eux (Kagame et Kabarebe) de l’Ouganda. Une sorte de secte privé.»
Paul Kagame a réussi à vendre au rwandais le rêve d’un Rwanda prospère, beaucoup se demande si ce rêve survivra après lui car les « voix » se demandent si le Congo continuera à financer le gouvernement rwandais si jamais le chef n’était plus parmi eux.
Au-delà du « front uni » que nous présente le pouvoir de Kigali, les fissures se dévoilent ici et là au sein de la société rwandaise. Il est difficile de se prononcer « librement » au Rwanda à moins que le suicide devienne votre passe-temps favori. Mais il est clairement honnête de constater que la classe politique est totalement muselée et anéantie, la société civile est assujettie au pouvoir de Kagame pour juste exister sur papier, l’armée à son tour ne parle plus de la « même bouche ».
Il y un climat de mécontentement et d’assujettissement à tous les niveaux de la vie sociopolitique et militaire dans le pays, est-ce un signe que le navire Kagame prend de l’eau ou juste une vague trop haute pour l’encre du commandant obstiné ?
Ce qui est certain, la République Démocratique du Congo est directement liée au passé, au présent et probablement au futur du Rwanda et de son peuple.
MAGLOIRE INGABIRE (KIGALI) avec BENTLEY LUMUMBA
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